Qu’ils soient neufs ou anciens, les tapis exécutés par la Savonnerie ont une histoire et une technique bien particulière. Si vous voulez en savoir plus sur ces tapis français, suivez le guide.
La manufacture de la Savonnerie
Pour ceux qui ne le savent pas, la Savonnerie est le nom donné à la manufacture royale de tapis du Royaume de France. Fondé en 1627 par Pierre Dupont et Simon Lourdet, l’atelier de production s’est implanté en plein cœur de Paris, à l’emplacement de l’actuel Palais de Tokyo à Chaillot vers 1631. Historiquement, elle fut annexée à la manufacture des Gobelins en mai 1825 par ordonnance du roi Charles X.
Toutefois, en raison de sa technique de lisse particulière, les produits de la Savonnerie étaient facilement reconnaissables. L’atelier a toujours su garder sa particularité notamment sa spécialisation dans la fabrication de tapis veloutés de grandes dimensions. Ces pièces étaient souvent d’une qualité exceptionnelle qu’elles étaient destinées à la cour de France.
La Savonnerie existe parce que les rois de France voulaient une manufacture de tapis capable de rivaliser avec les tapis persans et orientaux.
Les caractéristiques de la tapisserie de la Savonnerie
Les tapis tissés sur les cartons de Charles Le Brun pour la Grande galerie du palais du Louvre sont quelques-uns des plus célèbres de la collection de la Savonnerie. Autrement dit, ce sont pour la plupart des tapisseries remarquables comprenant 8 à 20 nœuds au centimètre carré. D’ailleurs, les métiers à tisser de la Savonnerie permettaient de réaliser de grandes fresques murales de plusieurs mètres de long.
Du XVIIème siècle à nos jours, voici quelques-uns des tapis les plus célèbres de la Savonnerie. Il y a d’abord, les 93 tapis destinés à la Grande Galerie du Louvre et mesurant chacun 9 mètres de long. De 1728 à 1737, Louis XIV passe plusieurs commandes de tapisseries qui vont orner la chambre du Roi à Versailles, la chambre de la Reine à Versailles et La Chapelle de la Trinité à Fontainebleau. Vers 1825, les grands tapis pour le chœur de Notre-Dame sont tissés.
Le XXème siècle amène son lot de nouveautés à la Savonnerie avec le tissage de modèles inspirés par de grands artistes tels que Vincent Van Gogh, Paul Cézanne ou Claude Monet. Les ateliers de Paris et Lodève tissent de plus en plus des créations contemporaines imaginées par des peintres comme Zao Wou Ki ou Buraglio, par des architectes et des designers tels que Garouste et Bonetti, Paulin…
La technique des tapis de la Savonnerie
Les tapis de la Savonnerie étaient tous fabriqués sur un métier à tisser de haute lisse qui permettait d’effectuer un point noué avec sa broche. Cette technique de nouage est plus communément appelée « nœuds Ghordès ». Ce métier à tisser de haute lisse était non seulement imposant et massif, mais aussi de grande envergure. Il facilitait la réalisation de tapis de grande envergure et aux motifs ostentatoires.
Un artiste réalisait un modèle appelé « carton » qu’il confiait aux artisans spécialisés dans la manipulation de ces métiers à haute lisse. Ces lissiers devaient donc travailler sur une échelle plus grande en suivant les directives de l’artiste. Le nuancier en pompons des lissiers de la Savonnerie permet de sélectionner la bonne couleur de laine. Un premier échantillon est proposé à l’artiste pour validation avant le tissage complet du tapis. Le lissier trace les contours du motif à tisser sur les fils de trame.
La réalisation du tapis dans les règles de l’art signifie le respect de plusieurs normes. Le tapis est généralement réalisé avec une succession de nœuds et de boucles. Il est toujours tissé de gauche vers la droite. Ainsi le tapis passe par plusieurs étapes comme l’ourdissage qui permet de préparer la chaîne, le nouage qui consiste à faire passer le fil de trame en zigzag autour des fils tendus.
Chaque ligne finie est tassée à l’aide d’un peigne en métal puis vient le moment de faire la tonte du tapis. Ces finitions sont primordiales puisqu’elles vont contribuer à donner du cachet au tapis. La tonte permet de raccourcir les poils, d’enlever du volume et d’égaliser le velours. Le démêlage des brins est essentiel et se fait à l’aide d’une aiguille.